CHAPITRE 2

Publié le par ABDOULAYE

CHAPITRE 2 : ENSEIGNEMENT DE L’INFORMATIQUE

 

 

Dans ce chapitre qui parle de l’enseignement de l’informatique, il nous revient de faire état de sa situation actuelle. Ainsi donc, nous définirons tout d’abord les concepts, ensuite nous analyserons la place de l’informatique dans le secondaire, la question de ce qu’est même véritablement l’informatique. Nous évoquerons le problème de la culture informatique avant de finir avec un exposé sur les difficultés liées à l’enseignement de l’informatique.

 

 

 

 

2.1 DEFINITION DES CONCEPTS. 22

2.2 PLACE DE L’INFORMATIQUE DANS L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : LA PROBLEMATIQUE DE LA CULTURE INFORMATIQUE.. 24

2.3 DIDACTIQUE DE L’INFORMATIQUE : QUEL CONTENU?. 26

2.4 LES PROBLEMES DE L’ENSEIGNEMENT DE L’INFORMATIQUE.. 28

2.5 RÉSUMÉ.. 29

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2.1 DEFINITION DES CONCEPTS

2.1. 1 Didactique

Tout enseignant a besoin de savoir comment sélectionner et organiser les contenus de formation de ses apprenants. Il doit également choisir les méthodes et techniques d’enseignement qui devront le guider dans l’atteinte de ses objectifs initialement fixés et comment ses apprenants seront évalués en vue de vérifier et de réorienter leur apprentissage scolaire. La didactique est cette science qui permet à tout enseignant de pourvoir à ses besoins, de réfléchir sur la pratique de l’enseignement apprentissage en vue de l’améliorer. Il apparaît de manière claire, que « pour bien enseigner, il ne suffit pas de maîtriser la matière objet de l’enseignement, encore faut-il savoir comment organiser et présenter ces enseignements devant les élèves de manière à faciliter leur compréhension et à susciter un apprentissage efficient à leur endroit. » (Simon Belinga Bessala, 2005)

La didactique permet de poser des questions essentielles telles que : comment enseigner une matière ? Comment générer un meilleur apprentissage chez l’apprenant ? Quelles méthodes et techniques doivent être recommandées aux enseignants ? Quelles méthodes et techniques d’apprentissage doivent être recommandées aux élèves ? Toutes ces questions font de la didactique une science qui permet de contourner l’enseignement basé sur l’intuition, la routine ou encore l’expérience.

De ce qui précède, on peut définir la didactique comme l’étude du processus de l’enseignement apprentissage, un ensemble de « réflexions et propositions sur les méthodologies à mettre en œuvre pour permettre l’appropriation de contenus spécifiques» c’est une « théorie construite de l’exercice qui par un ensemble de situations instrumentales finalisées définit pour chaque matière d’enseignement un contenu structuré et hiérarchisé afin de guider les apprentissages scolaires des élèves » (Baron, 2001)

La didactique est la science qui permet de rendre un savoir enseignable. Elle a pour finalité l’amélioration de ce processus. À la différence de la pédagogie, la didactique se préoccupe tout d’abord des problèmes méthodologiques par rapport à l’homme à instruire, à éduquer ; ensuite, elle s’occupe de l’organisation rationnelle des contenus à enseigner, de l’organisation de l’espace, de la gestion de la classe, de la sélection rigoureuse des méthodes et techniques en rapport avec les objectifs de l’enseignement et de l’apprentissage(SimonBelinga Bessala, 2005).

2.1. 2 Didactique de l’informatique

Un des obstacles, selon Chevallard (2006), pour étudier l’informatique comme discipline réside dans le fait que c'est un champ en évolution constante. Dès lors, l’on se pose la question de savoir : Est-ce une science ? Est-ce une technologie ? Est-ce une méthodologie ? Est-ce un ensemble de systèmes d'information ? Est-ce plus ? L'Informatique souffre d'une certaine incompréhension de la part de la plupart des publics, et il vaut la peine d'y passer quelque temps pour mieux planifier une sortie par le haut :

  • le grand public confond en général Informatique avec informatique; autodidacte de l’informatique (apprentissage sur le tas à travers les documents et les magazines);
  • les institutions mêmes, dont le rôle devrait être de promouvoir cette science plus tellement jeune qu'est l'Informatique, se montrent incapables d'en apprécier la nature.

             En général, la perspective scientifique de l'informatique est la dimension la plus faiblement considérée. Dans l'enseignement de l'informatique, on pense très peu en termes d'invariants disciplinaires. Dans la pratique, le vide conceptuel provoque la recherche incessante de nouveaux développements comme des objets pour enseigner.

            Sont aussi significatifs les obstacles qui interfèrent au moment de réfléchir sur les invariants disciplinaires :

  1. L'idée reçue, véhiculée par la publicité que font les entreprises, sur la transparence du maniement de l'ordinateur (sans reconnaître la diversité des programmes existants et la grande variabilité par rapport à leur complexité).
  2. La perception sociale, du fait que le seul acquis de l'informatique est ce qu'apportent ses propres représentations, ce qui est incompatible avec une réelle volonté de dépasser cette limite.

            Du point de vue idéologique, cette attitude donne une image de l'usager- consommateur, incapable de surmonter les limites qui lui permettraient de se positionner par rapport à la technologie, en profitant des potentialités que l'ordinateur et ses programmes offrent ou pourraient arriver à lui offrir. Jacques Baudé, l'exprime de cette manière :

 « On nous dit encore, qu'il n'est pas besoin de savoirs savants, qu'il suffit de cliquer. Bel argument pour des marchands mais le rôle des enseignants n'est-il pas d'ouvrir ou d'entrouvrir, tant que faire se peut, les boîtes noires, de donner aux élèves les moyens de comprendre ce qu'ils font, de prendre du recul, et non pas d'en faire de simples consommateurs toujours dépassés ? »

            En ce sens, la présence de l'informatique dans le curriculum apporterait une aide :

Aux professionnels (et spécialistes en didactique) concernés par l'enseignement de la matière, pour contribuer au processus de transposition didactique, en vue de :

  • Relever les conditions locales et spécifiques du contexte puisque la conjonction choix et légitimation n'est pas simple et doit tenir compte des besoins particuliers.
  • Évaluer le poids relatif qu'aurait chacune des approches (informatique associée aux compétences professionnelles et informatiques comme discipline scientifique) en fonction des besoins du contexte particulier et du choix épistémologique arrêté.

Au politique pour :

  • Établir clairement les lignes d'une politique éducative pour incorporer et soutenir la place de l'informatique, en prêtant attention aux besoins en ressources humaines et en ressources matérielles.
  • Concevoir un cadre disciplinaire qui transforme en légalité la reconnaissance sociale de l'intégration de l'informatique, contribuant ainsi à réduire les inégalités liées à l'héritage culturel.

            Contribuer à la genèse d'un changement de paradigme qui concilie le choix épistémologique et la légitimation sociale peut être une voie pour l'obtenir. Cette reconnaissance explicite de la didactique de l'informatique comme un champ disciplinaire dans le cadre des Didactiques des Disciplines peut être un premier pas pour ouvrir le chemin (Silvina Caraballo , 2005).

2.2 PLACE DE L’INFORMATIQUE DANS L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : LA PROBLEMATIQUE DE LA CULTURE INFORMATIQUE

La culture informatique consiste, selon DuChâteau (2000), à acquérir des connaissances sur la discipline informatique. L’ordinateur doit cesser d’être un objet exotique et devenir un instrument de travail quotidien de l’élève. L’évolution sans cesse croissante de la technologie commande, exige même la formation des citoyens à l’informatique. L’insertion de l’informatique comme discipline à partir de 2004 dans le système éducatif camerounais participe de ce souci. Ce programme doit viser à terme la formation d’un citoyen camerounais apte à l’utilisation de l’outil informatique. L’élaboration des programmes d’enseignement doit permettre à l’enfant d’acquérir des compétences en vue de résoudre des problèmes du monde réel à l’aide des outils informatiques. Ainsi, le jeune lycéen camerounais, à l’issue de sa formation, devrait utiliser correctement les éléments de base du vocabulaire spécifique de l'informatique. De même, en utilisant ce vocabulaire, il devrait pouvoir donner des indications simples sur le cheminement de l'information et ses transformations, connaitre les ordres de grandeur usuels des caractéristiques techniques essentielles des ordinateurs et de leurs périphériques, afin, par exemple, de comparer les propositions de différents fournisseurs ; de savoir que l’ordinateur ne traite que des informations numérisées et que seule l’interprétation qu’en fait l’utilisateur permet de lui donner du sens. De même, l’élève issu du système éducatif camerounais devrait être capable de savoir que les traitements réalisés par une machine sont programmés par des êtres humains et qu’il existe des lois relatives aux utilisations d'informations nominatives qu’il faut respecter.

L’on note une certaine désinvolture des élèves camerounais à l’égard de la discipline qu’est l’informatique. Il convient donc de dire avec l'EPI que la garantie d'une bonne culture générale informatique scolaire tient à une approche se fondant à la fois sur l'utilisation de l'ordinateur dans les disciplines pendant toute la scolarité, une discipline « informatique et TIC » au lycée en tant que telle, dans tous les ordres d'enseignement (général, technique et professionnel), et validée dans le cadre des examens terminaux.

Aujourd’hui, le souci des acteurs de l'éducation dans le domaine de l'informatique, c'est de dégager utilement les usages qui permettront des acquisitions réfléchies. La discipline « informatique » de niveau lycée doit absolument être définie comme une base scientifique et méthodologique prenant en compte le développement des élèves et les outillant pour accéder pleinement et de manière responsable à la culture, la société, qui se métamorphose sans cesse sous nos yeux. On ne peut en effet se sentir comme appartenant à la société dans laquelle on vit, si l'on en a une compréhension trop approximative. À l'ère du tout numérique, de la société de la connaissance, il est crucial de doter les jeunes des atouts qui contribueront à leur intégration sociale et professionnelle, à leur réussite personnelle ; nombre de ces atouts ne sont pas étrangers, indiscutablement, aux connaissances informatiques dont il est question ici.

Afin de mettre les apprenants en situation d'atteindre des compétences métacognitives significatives, les enseignants-formateurs doivent eux-mêmes être à jour sur ces sujets. Et si les exigences scientifiques, pédagogiques, didactiques, psycho-cognitives sont très élevées, elles sont à la hauteur des enjeux de nos sociétés. Les enseignants d'informatique ne sauraient faire l'économie de questionnements épistémologiques (Jacques Souillot, 1999).

Afin de permettre à l’élève d’acquérir une culture informatique, à l’issue de son passage au secondaire, il y a de nombreuses exigences méthodologiques et pédagogiques (E. Kogan). Parmi celles-ci, on peut tout d’abord dire que le cours d’informatique obligatoire au secondaire doit avoir pour but de fournir un mode de pensée qui irait de pair avec la société informatisée moderne ; ensuite, l’on doit enseigner à l’enfant que l’ordinateur est un instrument facilitateur  qui améliore et organise la communication entre les hommes et enfin les outils informatiques doivent assurer la recherche scientifique et artistique. Jean Michel Bérard (1993) ne rappelait-il pas que « l’utilisation efficace, mais surtout rationnelle, de la machine ne peut se fonder que sur l’acquisition de quelques notions, de quelques principes relatifs au traitement de l’information » ?

2.3 DIDACTIQUE DE L’INFORMATIQUE : QUEL CONTENU?

L’informatique est une discipline très souvent assimilée aux Mathématiques. En effet, toute vision didactique impliquait le développement de programmes dans un langage de programmation. Et même, nombreux sont les enseignants de mathématiques qui ont dispensé cet enseignement. Pour le professeur de mathématiques, cela a signifié une grande exigence professionnelle alors que :

  • il devait enseigner en même temps deux objets de connaissance de disciplines différentes (mathématique et informatique),
  • il devait apprendre le langage de programmation qu'il devait enseigner, puisque dans sa formation de base, ces connaissances étaient inexistantes,
  • et de plus il devait trouver des propositions didactiques qui justifieraient l'usage de l'ordinateur comme une ressource technologique pour l'enseignement des mathématiques.

     Ce qui a conduit Susana Muraro à distinguer deux paradigmes :

-          Le paradigme des outils,

À propos duquel elle écrit : « Le développement des ordinateurs personnels a permis aux écoles d'accéder à des dispositifs de plus grande capacité de stockage et de traitement, et d'intégrer des outils destinés à la production, non pensés pour le milieu scolaire. Il s'est produit un changement significatif de la place de la technologie à l'école. Parce que de réceptrice ou consommatrice, centrée sur le livre imprimé comme support médiateur de l'information, l'école en est venue à intégrer comme technologie éducative les outils informatiques de production. » 

     Ce paradigme a provoqué une tension entre l'enseignement du maniement des outils informatiques et l'emploi de ceux-ci dans les contextes d'autres disciplines.

-          Le paradigme des réseaux étendus et Internet 

« À la fin du XXe siècle, la représentation sociale de l'informatique prend un tournant important provoqué par l'apparition des réseaux informatiques associés à la communication à distance. L'emploi du courrier électronique ainsi que l'accès à des sources d'information comme Internet se développent. L'ère des autoroutes informatiques, de la société de l'information et de la connaissance engendre un changement de paradigme social autour de l'informatique. Le précédent modèle présentant la technologie au service du traitement de l'information, peu à peu, perd du poids pour se recentrer sur la technologie au service de l'accès à l'information et à sa transmission. L'informatique est plus appréciée pour la possibilité qu'elle offre de transmettre rapidement des informations numérisées par des réseaux multiples, que pour les techniques et les outils de traitement. » 

            Dans ce paradigme, les connaissances informatiques se réduisent à réaliser quelques tâches basiques : chercher sur Internet, communiquer par courrier électronique, chater, etc. L'informatique comme objet d'étude reste ignorée parce que les savoir-faire s'acquièrent principalement par immersion dans un contexte technologique.

Actuellement, l'intégration de l'informatique dans le secondaire est faible, parce qu'on privilégie les deux paradigmes précédents. Ainsi, l'informatique fournit à l'enseignant divers matériel éducatif, des outils pour aborder les problèmes propres à sa discipline, des sources d'information numérisées, etc. L'informatique étant prise comme ressource, les préoccupations didactiques du professeur ne tournent pas autour des savoirs liés à l'informatique, son sens est de donner à l'élève un moyen qui facilite l'apprentissage, de promouvoir une forme déterminée d'approche de l'objet d'étude, etc. En ce sens, Jean-Michel Bérard, qui affirme que : « L'utilisation d'un outil, si fréquente et diversifiée soit-elle, ne porte pas en elle-même les éléments qui permettent d'éclairer sa propre pratique. »

2.4 LES PROBLEMES DE L’ENSEIGNEMENT DE L’INFORMATIQUE

            De manière générale, l’enseignement secondaire souffre de l’insuffisance d’infrastructures d’accueil, de commodités élémentaires et du personnel enseignant. A tous les niveaux d’enseignement, la qualité des services offerts présente un certain nombre de problèmes qui se manifestent, avec acuité dans le secteur public. L’informatique est une matière à part entière. Elle souffre des problèmes communs à toutes les autres matières, mais en plus, viennent s’ajouter des problèmes qui lui sont spécifiques, dus au fait que l’enseignement de l’informatique soit majoritairement pratique. On peut citer et ce, de façon générale à toutes les disciplines :

-          les effectifs pléthoriques dans les salles de classes ;

-          l’école n’assure plus les bases suffisantes pour une évolution intellectuelle efficace ;

-          les conditions d’apprentissage et de travail de mauvaises qualités ;

-          l’organisation pédagogique loin d’être satisfaisante à tous les niveaux ;

-          l’absence de passerelles entre les différents niveaux et types d’enseignements ;

-          les enseignants en nombre insuffisant, mal répartis, parfois sous-utilisés surtout dans les grands centres urbains, souvent peu qualifiés et non performants dans les zones rurales ;

-          la mauvaise gestion administrative et financière ne permettant pas une maîtrise du système ;

-          la démotivation du personnel enseignant et le manque de passion profonde ;

-          vis-à-vis d’une profession n’assurant plus un statut social valorisant ;

-          l’insuffisance des ressources financières ;

-          le respect insuffisant des normes budgétaires.

De façon spécifique à l’enseignement de l’informatique, on peut citer :

-          L’absence de source d’énergie ;

-          Des problèmes logistiques ;

-          Des problèmes liés à la gestion des enseignements de la discipline informatique ;

-          Des problèmes d’étiques liés à l’utilisation des TIC ;

-          Des problèmes liés au manque de motivation des divers utilisateurs ;

-          Le manque de manuels.

-          les méthodologies d’enseignement  inadaptées ;

Dans la plupart des pays du tiers-monde, l’une des difficultés demeure le manque, ou mieux l’insuffisance du matériel adéquat de travail. Dès lors de pose la question de l’enseignement de l’Informatique sans ordinateur. Autrement dit, peut-on faire de l’informatique sans toucher à un ordinateur ? Roberto Di Cosmo, dans son excellent article, relève que, si on peut passer son temps à faire des clics sur des pages web sans faire un epsilon d'Informatique, on peut aussi faire beaucoup d'Informatique sans même toucher à un ordinateur (Roberto Di Cosmo, 2009).

2.5 RÉSUMÉ

Ce chapitre nous a permis d’élucider ce qu’on entend par didactique de l’informatique. De même, l’occasion nous a été donné d’étudier la place qu’occupe l’enseignement de l’informatique dans l’enseignement secondaire. Ce qui nous a permis de faire ressortir les difficultés que présente cette discipline. De ce fait, le chapitre qui va suivre et qui porte sur l’élaboration d’un guide méthodologique sur l’enseignement de l’informatique, contribue à apporter une solution à une meilleure intégration des technologies de l’information dans le système éducatif.

Publié dans MEMOIRE DIPES II

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